Imiter l’accent québécois, c’est possible pour quelqu’un qui n’est pas né ici? Notre accent semble fasciner les francophones d’outre-mer. Plusieurs s’essaient à l’imiter, rarement avec un résultat très heureux… Mais pourquoi les Français sont incapables d’imiter l’accent québécois? Voici trois raisons qui expliquent cette difficulté.
1. Le québécois dispose de sons disparus en France
En effet, le français québécois a conservé des voyelles que certains Français ne prononcent plus. Par exemple, la nasale UN, ainsi que les versions longues des voyelles È et A, que certains francophones de Suisse et de Belgique ont, par ailleurs, eux aussi gardées.
Ces voyelles longues sont d’ailleurs propices au phénomène de diphtongaison, que le dictionnaire Usito définit comme des « [v]oyelle[s] composée[s] de deux timbres successifs distincts. »
Pour vous faire une idée de certaines de ces prononciations, ne manquez pas cette analyse d’une publicité québécoise.
2. Le français québécois est moins « tendu »
Effectivement, la prononciation au Québec est musculairement plus relâchée, moins tendue. Par conséquent, il est plus facile pour un Québécois d’ajouter de la tension dans ses muscles pour imiter l’accent européen que pour un Européen de se relâcher. Si, depuis tout petits, ils ont appris à faire toutes les voyelles bien tendues, bien stables, c’est vraiment plus difficile de relâcher tout ça, de devenir un peu plus « slack » pour parler comme un Québécois.
3. Imiter l’accent québécois : question d’exposition
Pour pouvoir bien imiter un accent, il faut l’entendre souvent, y être assez exposé et sur une longue période. Et puisque le français de France constitue la variété de référence, les Québécois sont beaucoup plus exposés à l’accent français que le contraire : films, chansons, séries, entrevues avec des artistes Français de passage et contenus américains doublés en France.
Même si, depuis les dernières années, beaucoup d’artistes québécois font carrière en France, ils modifient souvent la façon dont ils parlent à la caméra. Par conséquent, les Français ont moins d’occasion d’entendre notre manière de parler. Voilà qui explique qu’ils ont plus de difficulté à imiter l’accent québécois.