Cette semaine, votre prof de français analyse Google Translate en français canadien. L’ajout du « français du Canada » à Google Translate a suscité de vives réactions sur Internet. Cette mise à jour soulève des enjeux linguistiques importants, tant pour les francophones du Canada que pour ceux de France, sans oublier les apprenants de la langue de Molière.
Voici un petit tableau récapitulatif des points abordés :
Points positifs
Une représentation valorisée
L’introduction du « français du Canada » sur Google Translate constitue une belle représentation pour les francophones canadiens. Cela montre que le français parlé au Canada est reconnu et légitime. C’est un symbole fort pour une communauté qui souhaite affirmer son identité linguistique.
Lutte contre l’insécurité linguistique
Cette mise à jour peut également contribuer à combattre l’insécurité linguistique ressentie par de nombreux francophones vivant hors de France. « Si nos mots sont dans le dictionnaire, ça veut dire qu’ils sont légitimes ». En intégrant des termes spécifiques au français canadien, Google Translate pourrait valider des expressions couramment utilisées, qui ne figurent pas toujours dans les dictionnaires traditionnels.
Découverte des usages québécois
L’ajout de Google Translate en français canadien permet aux francophones d’ailleurs, notamment ceux de France, de découvrir des usages typiques du Québec et du Canada. Par exemple, le terme « balado » pour désigner un podcast a suscité beaucoup de curiosité et de questions. Cela favorise un échange culturel enrichissant.
Outil pour les apprenants
Pour les personnes qui apprennent le français et qui souhaitent s’adapter à un milieu canadien, cette fonctionnalité peut être très utile. Par exemple, le mot « courriel » au lieu de « e-mail » permet aux apprenants de mieux se familiariser avec le vocabulaire canadien.
Points négatifs
Une nomenclature restrictive
L’un des points négatifs est l’utilisation de la terminologie « français (Canada) » quand l’outil semble plus aligné sur un usage québécois, qui ne représente qu’une partie de la diversité linguistique du Canada. Le français acadien, par exemple, semble être laissé pour compte. Cela peut mener à une vision réductrice de ce qu’est réellement le français au Canada.
Pour ceux et celles qui souhaiteraient améliorer leur compréhension du québécois informel, je vous recommande fortement mon dernier livre, Le québécois en 50 petits dialogues, qui vous permettra d’acquérir du vocabulaire et de vous familiariser avec plusieurs traits de prononciation tout en plongeant au cœur de la culture du Québec.
Limites dans les registres de langue
Un autre aspect préoccupant est le manque de maîtrise des registres de langue par Google Translate. L’outil semble souvent privilégier un vocabulaire familier ou populaire, comme en témoigne l’exemple de « un tour en char » au lieu d’une formulation neutre. Cela peut poser des problèmes pour les utilisateurs qui cherchent des traductions adaptées à un contexte formel.
Tendance à favoriser le français de France
Enfin, malgré l’ajout du français canadien, il existe encore un biais vers le français de France dans les traductions proposées. Par exemple, la traduction de « lycée » au lieu de « école secondaire » renforce cette distorsion.
Conclusion
L’ajout du « français canadien » à Google Translate mérite d’être saluée. Cependant, il est essentiel de garder en tête les nuances et la diversité linguistique qui existent au Canada. Que vous soyez francophone d’ailleurs ou apprenant, je vous invite à participer à cette conversation et à partager vos réflexions sur ce sujet.
Si vous souhaitez m’entendre à ce propos à la radio française, ne manquez pas la capsule « Il ne maîtrise pas encore la profondeur de la langue » : le français québécois débarque sur Google Traduction de Radio France.