Par un après-midi d’été, direction Saint-Camille, petit village de l’Estrie, pour un arrêt gourmand à la cantine Gilles Fortin. La pancarte annonce la couleur : ici, on sert des poutines, des hot dogs et toutes sortes de plats typiques de cantine. Entre l’odeur des frites et l’accueil chaleureux du propriétaire, on comprend vite pourquoi ces lieux font partie intégrante de la culture québécoise.
La tradition québécoise des casse-croûtes
Les casse-croûtes sont de petits restaurants familiaux sans prétention, souvent saisonniers. On y mange vite, bien et à prix abordable. Selon la région, on parlera de cantine, pataterie, friterie, shack à patates ou même snack bar. Ces établissements, généralement ouverts du printemps à l’automne, s’installent près des routes, des plages ou au cœur des villages. Ils font partie du paysage culinaire et social, véritables témoins de la culture québécoise.
Leur menu est centré sur les classiques du fast-food québécois : poutine, hot dogs, hamburgers, guédilles… mais chaque cantine possède ses spécialités. Certaines ajoutent des plats maison ou des influences internationales, comme des tacos ou des nachos.
Vocabulaire des plats de cantine
- poutine : frites, fromage en grains, sauce chaude.
- poutine italienne : poutine avec sauce à spaghetti.
- galvaude : poutine avec poulet et petits pois.
- hot dog steamé : pain et saucisse cuits à la vapeur.
- hot dog toasté : pain grillé.
- roteux : terme familier pour hot dog.
- guédille : sandwich dans un pain à hot dog, souvent au poulet ou aux fruits de mer. (L’humoriste François Pérusse utilise ce mot plat pour faire un audacieux jeu de mots dans la chanson Snack bar chez Raymond.)
- hamburg steak : galette de bœuf servie seule avec accompagnements.
- liqueur : boisson gazeuse (registre familier).
- orangeade : boisson gazeuse à l’orange (ex. Crush).
Mots et expressions québécoises entendues
- allô : Il n’est pas rare d’entendre « allô » en guise de salutation au Québec. Ce mot n’est pas réservé qu’aux appels téléphoniques.
- ipelaille : Interjection exprimant la surprise ou l’étonnement. Variante de oupelaille. Pour plus d’info, voir cette capsule sur les onomatopées.
- se lâcher lousse : se faire plaisir sans retenue.
- icitte : ici (forme orale populaire).
- pigrasser : piger ou manger un peu dans l’assiette de quelqu’un.
- han? : particule de confirmation (« n’est-ce pas ? »).
- tabarnouche : version allégée du sacre tabarnak. S’utilise ici comme interjection exprimant la douleur et la surprise.
- à la tonne : en grande quantité.
Le H aspiré dans les emprunts anglais
Le phénomène du H aspiré n’est pas propre à l’accent québécois. En effet, les mots d’origine germanique, comme haricot et honte, n’acceptent pas la liaison. En français québécois, le H des mots empruntés à l’anglais, comme hot dog ou hamburger, ne se prononce pas, mais il empêche la liaison. On dira donc un / hot dog et des / hamburgers, jamais des-z-hot dogs.
Conclusion
Entre la bonne vieille sauce brune, les « roteux ben toastés », et les « squick-squick » du fromage en crottes, l’expérience d’un casse-croûte québécois est autant culturelle que gustative. Ces petites adresses racontent un pan de la vie estivale au Québec, fait de rencontres spontanées, de portions généreuses et d’expressions savoureuses de l’accent québécois.
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