Aujourd’hui, on regarde 5 erreurs de grammaire que j’entends souvent, de la plus inoffensive à celle que vous devez ABSOLUMENT éviter pour ne pas faire grincer des dents les francophones autour de vous… comme un certain chanteur populaire l’a fait!!!
1. Mauvais accord du sujet avec « qui »
La première erreur est certainement la moins grave puisque de nombreux francophones la font eux-mêmes!
Avec les pronoms toniques, moi et toi, il est plus facile d’oublier le vrai sujet de la phrase (je, tu), mais le verbe doit quand même être accordé à la bonne personne.
On dira donc
c’est moi qui ai raison (j’ai raison) C’est toi qui parles (tu parles)
c’est moi qui suis la prof (je suis) c’est toi qui as réussi le test
Les autres personnes sont moins sujettes à l’erreur :
c’est lui/elle qui a gagné c’est nous qui sommes… c’est vous qui avez…
ce sont eux qui sont les meilleurs (ou « c’est eux qui…» en langue plus informelle)
2. Aller « au » ou « chez » ?
La 2e erreur n’est pas dramatique non plus. Mais cette fois, ce sont les apprenants et non les natifs qui ont tendance à la faire.
Je vais au garage
Je vais chez le garagiste
Rappelez-vous que au est la contraction de à + le. La préposition à indique, entre autres, un lieu. Ex. Je suis à l’école. / Je vis à Sherbrooke.
La préposition chez vient quant à elle du latin casa! Elle veut dire « dans la maison de ». On va dans la maison de quelqu’un.
On dira donc
Je vais au + lieu : au cinéma, au garage, au dépanneur (au Québec, le dépanneur est un petit magasin de quartier qui vend des articles de première nécessité. Il s’agit donc du commerce et non de la personne qui nous dépanne lorsque la voiture brise.)
Je vais chez + personne / métier : ma sœur, la coiffeuse, le garagiste.
Si chez s’utilise avec une personne, pourquoi dit-on chez McDonald ou chez Canadian Tire, par exemple?
Vous entendrez assurément des phrases comme « Je vais chez McDonald », « Merci d’avoir magasiné chez Best Buy ». Il ne s’agit pas d’une erreur. C’est plutôt que, dans ces cas, la bannière du commerce est considérée comme une personne!
3. Dès que je puisse ou dès que je peux?
Le subjonctif nous sert à exprimer des événement non probables, envisagés, pas nécessairement réels.
Attention, ce n’est pas parce qu’il y a un que que le verbe sera systématiquement au subjonctif!
Des mots comme lorsque, dès que expriment du temps. Ils signifient « au moment où ». Dans des phrases comme « Quand tu arriveras », « Lorsque tu seras arrivé », « Dès que tu arrives » le fait que tu arrives n’est pas seulement envisagé. Cela va assurément se produire (peu importe à quel moment, tu vas finir par arriver) : on utilise donc le présent, le futur simple, le futur proche ou le futur antérieur, tous des temps du mode indicatif.
Lorsque tu arriveras/seras arrivé
Dès que je le peux/pourrai
Aussitôt qu’il vient/viendra/va venir
Le mode subjonctif sert quant à lui à exprimer les souhaits et les volontés. Par exemple :
Je veux que tu le fasses
J’aimerais qu’il vienne
Je souhaite que tu réussisses
MAIS
Le français ne serait pas ce qu’il est sans une bonne vieille exception!!!
Faites attention avec « j’espère que ». Même si cette locution exprime un souhait, quelque chose qui n’est pas certain, elle est quand même toujours suivie de l’indicatif!
Je souhaite que tu viennes MAIS J’espère que tu vas venir/viendras.
4. L’erreur la « plus pire »
« J’ai besoin d’toé pour me l’dire, dans mes erreurs les plus pires »
Ce classique de la chanson populaire québécoise, c’est Calvaire, du groupe La Chicane.
Je ne me souviens pas le nombre de fois que j’ai entendu des gens dire que son erreur la « plus pire » était justement de dire « plus pire »! On laissera à Boom Desjardins la liberté poétique de hurler sa détresse avec les mots qu’il choisit!
Mais pour nous, communs des mortels, « plus pire » constitue une faute de syntaxe, de construction de la phrase avec le comparatif.
C’est quoi, un comparatif? c’est un mot qui contient déjà une notion de comparaison : meilleur, ça veut déjà dire « plus bon », mieux veut déjà dire « plus bien », pire veut déjà dire « plus mauvais ».
On dira donc
Il dessine moins bien qu’elle OU Elle dessine mieux que lui.
Si on résume, jamais de plus avec mieux, meilleur et pire.
5. Les scies mangent les raies!
En tant que francophone, on est conditionné dès l’enfance à faire attention avec les phrases commençant par « si ». C’est un peu contre-intuitif, mais la proposition, le bout de phrase, qui contient la condition ne peut pas être au conditionnel. Il faut la mettre à l’imparfait, qui est le temps de la description. Voyez ça comme si vous faisiez simplement décrire une situation, avant de nommer la conséquence, qui elle sera au conditionnel.
Si je pouvais (je décris la situation, la condition : si c’était possible qu’est-ce qui arriveRAIT?), je le ferais.
Si j’avais faim, je mangerais. OU Je mangerais si j’avais faim. (Peu importe l’ordre des propositions, celle avec le « si » reste toujours à l’imparfait.)
Si nous étions riches, nous voyagerions OU Vous voyageriez si vous étiez riches.
S‘il fallait qu’elle tombe, elle se blesserait. OU Elle se blesserait si elle tombait.
Même chose avec les temps composés : Si j’avais pu, je l’aurais fait.
Pour s’en souvenir, les Français disent « après le si, y a pas de ré ». Ça fait référence à la gamme de Do, la suite des notes de musique qu’à peu près tout le monde connaît. Sauf qu’au Québec « ré », la note de musique et « -rait », la terminaison conditionnelle, ça ne sonne vraiment pas pareil! Ici, le truc qu’on enseigne aux enfants, c’est « les scies mangent les raies » : les poissons scies mangent les raies, pour leur rappeler que le mot « si » ne va pas avec le conditionnel (terminaison -rais). Ça devrait vous aider vous aussi!
J’espère que ces explications vous ont été utiles!